Ces attaques eurent lieu dans un vaste territoire qui recouvre aujourd’hui les départements de la Lozère, du Cantal et de la Haute-Loire.
Dès l’origine, ces évènements vont prendre une ampleur considérable du fait d’une médiatisation internationale sans équivalents !
Des gravures de la Bête sont publiées partout, de Paris à San Francisco!
Pourquoi une telle répercussion ?
Ce n’est pas dû au rôle majeur du territoire dans la vie du Royaume de France.
Le Gévaudan est une terre d’élevage assez pauvre.
Le nord où sévit la Bête se sépare entre le plateau de l’Aubrac et les monts de la Margeride.
Loin d’être aussi boisé qu’aujourd’hui, ce vaste territoire se compose de landes et de prairies de pâturage que ponctuent des bosquets et quelques maigres forêts (Mercoire, de La Tenazeyre, bois de Pommier…).
Ce pays rude a alimenté l’imagination des chroniqueurs de l’époque.
Car c’est la presse qui explique l’ampleur de cette affaire.
La fin de la guerre de Sept Ans laisse un vide béant dans les éditoriaux des gazettes, jusqu’à ce que la Gazette d’Avignon s’empare de l’affaire.
Son rédacteur sut habilement broder autour des nouvelles assez lacunaires qui provenaient du terrain.
Cette pression médiatique poussa le roi, Louis XV, à l’action. Discrédité par la perte du conflit, il doit affirmer sa capacité à protéger le Royaume.
Par ailleurs, l’influence de la famille Choiseul ne doit pas être sous-estimée dans cette affaire.
En effet, si le duc Etienne-François de Choiseul est le plus proche ministre du Roi, son cousin n’est autre que le comte-évêque de Gévaudan : Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré.
Dans un texte resté célèbre sous le nom du « Mandement de l’évêque de Mende« , ce dernier qualifie cette bête de fléau divin et donne donc une dimension mystique à cette affaire.
En tant que représentant du pouvoir temporel, l’évêque assure, par le biais de ses services, un suivi dans la traque, et l’envoi du porte-arquebusier du roi n’est sans doute pas étrangère à ses relations avec son cousin.
Au cours de cette période, de nombreuses battues furent organisées et parmi le grand nombre de loups éliminés, deux grands canidés furent tués.
Le premier par le porte-arquebusier François Antoine le 20 septembre 1765 au Bois de Pommier puis un second par Jean Chastel 19 juin 1767 à la Sogne d’Auvers.
La mort de cet animal met un point final aux attaques dans la région.
Depuis le XIXe siècle, cette histoire alimente bien des récits.
De très nombreuses théories sur la nature de la Bête existent, depuis le loup à la hyène en passant par un tueur en série.
L’histoire et sa légende sont aussi une source d’inspiration artistique, des pièces de théâtre, des romans, BD, cinéma….
Les lieux sont toujours là,
même si le paysage est bien plus boisé qu’alors,
pourquoi ne pas partir vous aussi sur les traces de la Bête ?
Ouvrages de référence :
- CHABROL Jean-Paul, La bête des Cévennes et la bête du Gévaudan en 50 questions, Editions Alcide, 2018.
- MAURICEAU Jean-Marc, La bête du Gévaudan: Mythes et réalités, Éditions Tallandier, pp.624, 2021
- MAURICEAU Jean-Marc, La Bête du Gévaudan, la fin de l’énigme ?, Editions Ouest France, 2015.
- MAURICEAU Jean-Marc, La Bête du Gévaudan, Larousse, Paris, 2008.
- MAURICEAU Jean-Marc & MADELINE Philippe, Repenser le sauvage grâce au retour du loup : les sciences humaines interpellées, Presses universitaires de Caen, coll. « Bibliothèque du Pôle rural » (no 2), 2010
- SOULIER Bernard, Sur les traces de la bête du Gévaudan et de ses victimes, Editions du cygne, Paris, 2011.
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